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Les derniers livres que j'ai aimés...

"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux"

Jules renard

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Je ne suis pas là
de Lize Spit

J’ai retrouvé dans « Je ne suis pas » les mêmes ingrédients qui m’avaient tellement plu dans « Débâcle » : des mots bruts que l’on se prend en pleine tête, des détails si intimes qu’ils en deviennent presque dérangeants, une plume directe qui ne laisse aucun répit au lecteur. J'adore ! Mais que ceux qui n'ont pas aimé la violence de "Débâcle" se rassurent, ici l'auteure ne nous emmène pas si loin. Tout est plus doux dans "Je ne suis pas là".

Lize Split réussit la prouesse de parler d’un sujet difficile (la psychose, la bipolarité)  avec humour, dérision, joie, humanité et empathie.

Seul bémol peut-être, l’excès de « ficelles à suspens ». Le compte à rebours pour tenir le lecteur en haleine, la montée du stress jusqu’au dénouement, est un chouïa trop visible et du coup agaçant.

Débâche

de Lize Spit


Si vous aimez les livres qui dérangent, qui malmènent, qui foutent des baffes dans la gueule, sans sommation,  lisez Débâcle de Lize Spit. Vous ne sortirez pas indemnes de cette lecture. Le décor est planté pas à pas, l’ambiance  sordide monte d’un cran page après page. L’horrible s’insinue doucement, jusqu’à la chute, vertigineuse, violente. Ame sensible s’abstenir, sauf si comme moi vous détestez les feelgood justement parce que vous attendez de la littérature qu’elle vous bouscule.

La vraie vie

 d’Adeline Dieudonné

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Un roman percutant impossible à oublier. Les mots sont justes, incisifs, directs.

Le roman est formidablement construit, les personnages d’une force inouïe.

Le glauque et le sordide qui s’immiscent tout tranquillement dans la quotidien de cette famille. La stupéfaction est au rendez-vous, avec tout ce qu’il faut d’humour noir et de finesse.  Cette histoire s’est reliée à mes tripes, j’ai vibré, j’ai été dérangée, bref tout ce que j’aime.

Ce texte est remarquable d’efficacité.

Les armoires vide

   d'Annie Ernaux

Je voulais vous parler aujourd'hui d'une vieille lecture, une de celle qu'on découvre au lycée et qui deviendra le terreau d'un tas d'autres. Ce texte brut, violent, je l'ai découvert adolescente. Ses mots résonnaient si fort, sa honte était la mienne, sa haine aussi. J'avais l'impression qu'elle avait mis à nu tous mes tabous, toutes mes contradictions, toutes mes impostures. Comment pouvait-elle savoir ? Quel choc de se lire dans les mots d'une autre, quand on a 16 ans.

Et puis, plus tard, avec les cours de psycho, de socio, j'ai compris qu'elle ne parlait pas uniquement à la petite étudiante paumée que j'étais, à cette petite idiote qui n'avait ni les codes, ni la culture du nouveau milieu qu'elle espérait approcher. Annie Ernaux était le porte-parole de toute une classe sociale sur plusieurs générations, porte-parole de ceux qui se sont extirpés presque par erreur et avec trop d'arrogance de leur déterminisme, de ces étudiants arrivistes, imposteurs déracinés, qui très vite se fracasseraient contre leur plafond de verre et iraient pointer à l'ANPE avec leur bac +5 bidon. Elle a su mettre les mots justes et violents sur ce mal-être : avoir le cul entre deux chaises, entre deux milieux, toujours...

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Pas dormir de Marie Darrieussecq

Pas dormir 

de Marie Darrieussecq

J’ai découvert Marie Darrieussecq avec « Truisme » j’ai poursuivi avec « White » et « Notre vie dans les forêts ». J’aime cette auteure atypique, ses mots, le rythme de ses phrases, sa poésie.

« Pas dormir » m’a tout d’abord fortement décontenancée. C’est de ma faute, je m’attendais à un roman, je n’avais pas saisi qu’elle nous offrait cette fois-ci un essai autobiographique sur l’insomnie chronique.

Elle explore les raisons de cette impossibilité à dormir d’un point de vue personnel mais aussi d’un point de vue sociétale et humain. La possibilité (ou non) de dormir permet d’aborder des problématiques chères à l’auteure : l’exil, la torture, la guerre,  la pauvreté, l’exclusion, l’extinction animale, la destruction des écosystèmes.  Ce texte est riche en références littéraires et scientifiques mais il est aussi très personnel et intime, et le va et vient constant entre sphère privée et enjeux sociétaux  est savamment orchestré.  Par le prisme de cette privation de sommeil c’est finalement le rapport au monde et à l’acte d’écrire qu’elle questionne, avec humour, sensibilité et intelligence.

L'Arbre MONDE

de Richard Powers

Ce livre m'a bouleversée comme un livre ne l'avait pas fait depuis bien longtemps (je crois que la dernière fois c'était "Femmes qui courent avec les loups" de Clarissa Pinkola Estés). C'est le genre de bouquin qui, une fois la dernière page tournée, nous laisse comme "en suspens" quelques minutes, sous le choc Difficile de résumer ce chef-d'œuvre qui parle d'arbres, évidemment, de leur relation au monde du vivant (hommes compris, même si la plupart restent sourds), de combats idéologiques... Le drame écologique est au centre de ce récit, la bêtise humaine aussi, mais sans moralisation. Juste une consternante évidence.

Je lis beaucoup, et nombreux sont les livres qui m'emportent, me font rire, me touchent, les livres dont l'histoire palpitante m'accroche, chapitre après chapitre. Cependant, ici, la dimension est  toute autre. Ce bouquin, je vais obligatoirement avoir envie de le relire, plusieurs fois dans ma vie, et puis je ne vais pas pouvoir m'empêcher de l' offrir à toutes les personnes sensibles que j'aime. Ce livre s'est connecté à mon âme, je vis désormais avec lui, chaque jour, il ne me quittera plus. Quel bonheur de faire une si belle et importante rencontre.

La merditude des choses de Dimitri Verhulst

La merditude des choses

de Dimitri Verhuslt

Ce livre est un portrait de classe sociale sans concession, une immersion dans les bas-fonds, un texte tout simplement phénoménal et inoubliable ! Ce livre fait parti de ceux qu'on ne peut oublier, à jamais. Les personnages nous emmènent dans les tréfonds du pire, dans l'humanité des plus paumés, des plus vicelards, des plus dépravés... des plus touchants aussi. Un germinal moderne, un voyage au bout de la nuit de gauche.

L'adaptation au cinéma qui en a été faite est à la hauteur du livre

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Les abeilles grises

 d’Andréï KOURKOV

Depuis les pingouins, j’aime l’écriture de Kourkov, j’aime la poésie simple de ses mots, de son phrasé subtile, presque onirique. J’attendais son dernier roman avec impatience et je ne suis pas déçue. J’y retrouve la beauté d’un texte engagé, sensible et drôle. Un témoignage de guerre à hauteur d’homme.

Les abeilles grises est un roman qui nous plonge dans la vie quotidienne d’un homme isolé en « zone grise » c’est-à-dire coincé entre les séparatistes pro-russes et l’armée ukrainienne. Il survit dans ce presque no man’s land grâce à la débrouille. Mais un jour, cet apiculteur décide de traverser l’Ukraine, de braver les contrôles aux frontières, de devenir « l’étranger » afin d’offrir un peu de paix à ses abeilles.  L’auteur réussit le dosage parfait entre tensions de guerre et la beauté de la nature, désolation et humanité.

Ce roman est un hymne à la culture, à la littérature et à la poésie comme ultimes remparts face à l’obscurantisme et la terreur.

Love Me Tender

de Constance Debré.

J'ai aimé cette écriture brute, sans fioriture, sans concession. Un peu à la Despentes ou à la Ernaux. Le livre est court, mais tout est dit, sans détour. La difficulté d'aimer et d'être aimé. La norme sociale écrasante du "bon boulot, belle maison, jolie famille". L'identité d'une femme, quand elle devient homosexuelle, quand elle devient mère aussi et que cette relation d'amour finalement, comme toutes les autres, ne va pas de soi.

Ce livre parle aussi de l'égalité des classes sociales quand il s'agit de violence.

L'enragé

de Sorj Chalandon

Nous restons dans la même lignée de violence que « Profession du père »  ou « Enfant de salaud » que j’avais déjà lu.

Ce roman dénonce l’horreur des bagnes pour enfants dans les années 1930, l’auteur ne nous épargne aucune violence, aucune cruauté. Nous accompagnons ces mômes au cœur de leur enfer. La lecture  de la première moitié est très difficile, elle plante le décor hideux, inacceptable.

On souffle un peu, enfin, dans la seconde partie, mais l’effroi a été remplacé par l’angoisse et la peur. Le lecteur tremble pour ce jeune bagnard auquel il s’est fortement attaché.

Ce que je retiens de ce texte fort, violent, percutant, c’est la rage. Le personnage est violenté, maltraité, humilié et sa rage s’accumule, il serre les dents, il serre les poings, la violence a fait de lui un enragé. Cet enfant qui très vite n’en est plus un, devient une cocote minute prête à exploser à la gueule de tous ceux qui l’approchent. Cette rage toujours sur le fil, on la sent à chaque page, dans chaque mot, dans chaque émotion, elle est effrayante, monstrueuse.

Nous sommes tenue en haleine jusqu’au bout, accroché au devenir de ce héros. Nous ne savons jamais si cette rage servira d’énergie de vie ou de mort, de fuite ou de chute, de résilience ou de répétition.

Et puis ce clin d’œil à Prévert dont je suis une grande fane, ne pouvait qu’achever de me séduire. Je recommande aux âmes résistantes, ce roman aussi cruel et noir que beau et sensible.

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Nous connaître

Sidérations

Après l’époustouflant « L’arbre monde », je viens de terminer  l’incroyable "Sidérations" de R.Powers.

C’est un conte écologique, humaniste, philosophique terrifiant de lucidité et de sensibilité.  Un plaidoyer pour la vie, une ode à la nature, une critique acerbe aussi de la bêtise humaine.

Powers nous invite, sans moralisation, sans jugement, à questionner notre place dans l’univers, à mieux regarder la richesse de notre environnement sauvage avant qu’il n’y ait plus rien à admirer, avant que la planète ne soit définitivement débarrassée de son plus grand prédateur, l’humain destructeur, aveugle et tout-puissant.

Bouleversant d’intelligence et de sensibilité !

Psychopompe

d'Amélie Nothomb

Ce texte m’a fortement déstabilisée dans un premier temps. Je m’attendais à me régaler d’un Nothomb en bonne et due forme : fiction courte, vive, drôle, intelligente.

Et je me retrouve nez à nez avec une autobiographie dont le fil conducteur est la passion de l’auteure pour les oiseaux. Pendant quelques dizaines de pages, je reste incapable de savoir si j’aime ou non ce que je lis.

En fane inconditionnelle, j’ai persisté dans la lecture et je me suis finalement régalée des détails qu’elle donne sur sa relation à l’écriture, des confidences terribles qu’elle nous livre, mais un peu moins des détails aviaires.

Finalement, cette lecture a été aussi agréable que surprenante, et je suis allée au bout avec satisfaction.

 Par contre je ne conseillerais à personne de découvrir Amélie Nothomb avec cette approche aussi intime d’elle-même, mais de vous régaler dans un premier temps de ses fictions si bien ficelées.

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Je me souviens

Ce livre roman de G.Pérec est très étrange. Il est constitué d'une énumération de 480 souvenirs qui, tous, commencent par « Je me souviens… »

Cela peut paraitre ennuyeux, facile, répétitif…. Mais ça ne l’est pas du tout. Ces souvenirs n’appartiennent pas uniquement à l’auteur, ce sont les souvenirs d’une époque, d’une génération, d’un amoureux de musique et de cinéma, d’un homme, d’un enfant, d’un adolescent. Les souvenirs sont futiles, profonds, légers ou bouleversants, mais les lire donne envie de se plonger dans nos propres souvenirs.

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